Je suis née au beau milieu de Tiananmen, il faut croire que ma vie serait placée à jamais sous le signe de la répression d’idées. Les astres ce jour là, ne devaient pas tourner très droit. Il a bien essayé mon régime forcé, de me mettre en tête un sacré paquet de sornettes. Mais j’ai fini par les mettre sur du papier, tous mes rêves retrouvés, et bien plus que de couteuses séances chez une psy avertie, ma meilleure thérapie était dans ces histoires que j’écris.
J’étais en abstinence de rimes en résonances, depuis de longues années je m’étais arrêté d’écrire comme je respire. Studieuse et délicieuse, je m’essayais à d’autres volontés. J’apprenais à voler, sur des chevaux enrênés, et cela me sauva de ma vie en petit format. J’étais décidée et parfaite, et tout à fait ordinaire j’avançais les deux pieds sur cette Terre, qui alors ne tournait pas autour de toi. J’étais ambitieuse, et vivant dans mes œillères, je n’étais pas peu fière de mes belles études, de jeune fille qui élude tous les problèmes d’un coup de prélude.
Je vivais dans la simplicité d’un avenir bien programmé, on m’avait formaté pour étudier des chiffres et diriger des entreprises très internationalisées. J’étais extrêmement exigeante, parfaitement élégante, développais avec une grande aisance des théories mathématiques et des pensées philosophiques, j’obtenais des félicitations à foison.
Puis je t’ai rencontré et mon monde s’est arrêté de tourner, ou peut-être en réalité, commença–t-il ce jour là à réellement s’éveiller. Je laissais tout sombrer, les belles études qui m’ennuyaient, les faux sourires qui me fatiguaient, je grognais, me fâchais et enfin, je respirais. Elle éclatait en mille morceaux ma petite vie bien remplie d’illusions trop polies. Tout se tordait, tout se dispersait dans mon esprit pourtant si ordonné, mes certitudes se teintèrent de vert face à tes yeux de vipères, mon cœur enfla de milles bulles d’air et je m’efforçais de te plaire.
Mon monde entier paraissait s’être sensibilisé. J’étais comme un petit brasier, qui à la moindre étincelle s’enflamme de plus belle. Tout m’atteignait de plein fouet et j’avais perdu toute capacité de me défendre de la moindre attaque aiguisée. Un mot plus haut qu’un autre me faisait éclater en morceaux, j’étais d’une susceptibilité engagée. A fleur de peau je continue de traverser les guerres de mots, et à ne pas les rendre, ces coups qui me tombent dessus par des gens bien trop fous.
J’ai choisi de donner, avec toute ma cérébralité, mais les dommages collatéraux paraissent bien souvent trop hauts pour continuer à m’engager dans toutes ces relations risquées. Mais je n’y arrive pas, à ne parcourir qu’a moitié le chemin de mes pas ; j’y mets un demi bras vers cette personne qui fait vibrer mes radars, et me voilà toute attrapée au hasard dans une nouvelle grande histoire passionnée. Depuis bien des années, dans mes coups de foudres d’amitié et d’amour assaisonné, je m’y lance à toute allure dans ces rencontres au gout d’aventure pas encore très mure. Et alors j’explore cette personne qui m’intrigue si fort, petit à petit je lis dans ces traits et dans sa voix si elle est bien faite pour moi. Et je lui offre ma vie qui bat un peu plus et s’élargît de ce nouveau cœur qui rejoint le club de mon bonheur et fera battre un peu plus fort la force de mes renforts. Elle rejoindra souvent le clan de mes priorités cette nouvelle âme que je vais bien trop aimer. Et je vie au rythme de mes amitiés rapprochés. Dans mon équipe je jette dehors les as de pique, pour que jamais ils ne m’étriquent de leurs faux semblants artistiques.
J’ai tendance à trop m’ouvrir à tous ces coups d’amours, qu’il soit amical ou floral, je n’hésite pas souvent à me donner à corps perdu et je me retrouve parfois pendue par un faux ami qui m’a détruit. Je vis toujours les sentiments, me semble-t-il, à trois cent pour cent, et me retrouve toute étonnée lorsqu’un de mes protégés décide de faire un coup de coté.
Je m’y suis employé, à m’analyser, et après m’être persuadé d’arrêter de trop donner, je me suis dit qu’aussi, les autres n’étaient peut être pas si jolis jolis.
Je suis entourée d’une garde rapprochée de gens aux grands sentiments, et je pensais que finalement ils ne seraient peut être pas à mes cotés tous ces génies du vivant, si j’étais comme beaucoup d’autres, un peu trop pleutre, un peu trop neutre.
Et puis je détestais, toute cette population dans la demi mesure qui jamais au grand jamais, ne saurait se donner en pâture aux carnassiers de mes envolées. Dans leur grisaille et leurs murailles, ils se complaisaient, et je les trouvais ternes, moi j’en aurais allumé des lanternes pour éclairer de poudre dorée leurs vies bien trop asséchées.
C’était mon parti pris, que cette drôle de vie un peu trop remplie de sentiments tantôt passionnants, tantôt décevants. Je les aimais, je les choyais, je les conservais prés de mes forêts, tous ces gens que je choisissais pour m’entourer. Je les connaissais, les décidais, un à un, pour leur chacun. Et ils étaient mes trésors, et dans le coffre fort de mon corps je les gardais à jamais dans l’univers de mon décor. Je continuais à les chérir, peu importaient nos désaccords, je ne savais pas m’en dessaisir. J’étais blessée souvent, vivais très intensément ma vie en noir et blanc, et apportait trop d’importance à des détails en apparence. Mais dans l’hypersensibilité de mes sentiments d’un autre temps, je repousse l’échéant, et j’apprends à alléger mes données, à m’envoler au dessus de tout ces gens ordonnés, à prendre du recul face a ceux qui bousculent et à ne plus trop en souffrir, mais à essayer d’en rire, de ma vie à bascule.
Les surfeurs avec les surfeurs, les cheveux bleus avec les cheveux bleus, et nous.